Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/81

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nocturnes. À ce moment une extraordinaire lucidité leur vient. La vérité, c’est qu’ils sont sacrifiés. Mais, s’ils réussissent, quel appoint demain pour la victoire !

En collant leur oreille au sol, ils entendent le baragouin des Boches. Ils orientent leur marche de sauvages d’après la place des sentinelles. Elles sont distantes. Ils se glissent entre deux postes. L’ivresse de la mort qu’on défie, du succès que l’on tient, de la cause divine que l’on sert les a pris. Ils sont surexcités, hors d’eux-mêmes. Ils ont peine à se retenir d’épauler leur fusil, quand ils aperçoivent le campement des ennemis où ils pourraient lâcher leurs deux cent quarante balles. Pour discerner toute l’importance de cette avant-garde allemande, il leur faudrait gagner la plate-forme, ce qui est impossible. Mais du fourré où ils se cachent ils peuvent voir les corps enroulés dans leurs couvertures, couchés à même la mousse et sans fortification. C’est un camp volant : les Boches ne s’attendent certes pas à la menace française. Ils comptent bien encore demain progresser sur Paris.