Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/80

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amis sautent le fossé qui borde la route et se trouvent sur la chaussée blanche où leur silhouette se profile dans la nuit, un feu d’artifice éclate là-haut. Ce sont les sentinelles qui déchargent leur fusil sur ces ombres suspectes. Les balles s’égarent. D’instinct, Lecointre tombe et fait le mort. Picot s’affole, court à son ami.

Tu es touché, mon pauvre vieux !

Le caporal a presque envie de sourire à voir le tour si bien joué. Mais l’instant n’a rien de folâtre. Il murmure impérieusement :

— Pas de blagues, fais comme moi.

Et voilà deux cadavres allongés sur la poussière. Plus un soubresaut. Plus un mouvement. Plus un souffle. Une demi-heure se passe. Alors, imperceptiblement, une main s’écarte, une jambe se détend, un pied bouge. En cinq minutes chacun des cadavres gagne quelques millimètres. En une heure, les deux amis ont attrapé le fourré. Ils sont ici relativement en sûreté. Les frôlements de leurs corps dans les branches peuvent être ceux d’animaux