Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/84

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nouvelles, voilà les deux grandes vérités, voilà tout ce qui remplit mon âme, et je suis ivre en vous écrivant cela. Je savais ce que c’était que de vous aimer, Louise, mais j’ignorais ce qu’on éprouve quand on a vu sa terre envahie et qu’on l’a recouvrée, et que devant votre fusil, les ennemis ont détalé comme des lièvres. Je connais cela maintenant, et je vous aime davantage. En me battant, c’est à vous que je pensais. Je ne voulais pas que ces brigands aillent à Paris, et il me semblait que c’était vous qu’ils avaient offensée en offensant la France. Et quand, dans leurs ordres du jour, nos chefs parlent de la France pour qui nous devons tous mourir s’il le faut, la vision que j’aperçois possède vos grands yeux noirs, et votre front pensif, et le grave sourire de votre bouche.

» Louise, je ne sais plus rien de vous : ne m’avez-vous donc jamais écrit ? Ne recevez-vous donc pas mes lettres ? Je vous ai dit qu’il nous avait fallu passer la Marne et nous replier tristement. Ce sont des jours affreux que je veux oublier. Mais avant-hier un ordre est Arrivé de prendre l’offensive. Picot et moi