Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/87

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nage. On a fait un détour et on les a retrouvés, et la poursuite continue.

» Je vous écris ces lignes à la corne d’un petit bois, où je suis tapi dans une de ces tranchées qu’on nous fait creuser maintenant pour nous protéger contre un retour éventuel de l’ennemi. C’est sur une hauteur qui domine la campagne, et j’aperçois dans le brouillard là-bas, à quinze kilomètres d’ici, la cathédrale de Reims qui a l’air isolée dans un désert de brume. Je distingue son noble vaisseau et ses deux tours carrées. Toute mon histoire de France alors se déroule à mes yeux. Demain nous allons reprendre Reims, Louise. Et je jouis de vivre, car si je ne suis pas mort, peu s’en est fallu, et je tremblais de vous quitter. Mais j’ai fait mon devoir, et je crois que vous n’aurez pas honte de moi et je vous aime. »

Voilà ce que contient la première lettre d’amour que mademoiselle Louise ait reçue de sa vie. À votre idée, le sire Mainfroy de Catalpan que nous avons laissé au bec de sa nef, songeant à Mirabelle de Pampelune et brûlant de tuer les Sarrasins, eût-il mieux dit ?