Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/86

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» Alors on s’est retourné et l’on a regardé la vallée, en bas. Jamais je n’oublierai ce coup de surprise, la vision de cette armée immense, un océan de pantalons rouges qui affluaient de tous les chemins du sud. Il y en avait plein les champs, plein les prairies, plein les cours de ferme. Ils grouillaient au loin sur les routes, et ils montaient, ils montaient sans cesse derrière nous, pour se lancer à la poursuite des bêtes grises.

» Bientôt toute cette masse, bien formée en sections, a commencé méthodiquement la chasse. On ne marchait plus, on volait. On traversait les bois, les champs de luzerne ou d’avoine, on traversait les villages. On passait les cours d’eau sur la planche des vannes. On est ainsi arrivé en vue d’une grande ville. J’ai demandé ce que c’était. On m’a dit Épernay. Dans la campagne, la Marne serpentait. À ce moment il y eut une grosse explosion, comme si la ville croulait. C’était ces sales bêtes qui faisaient sauter le pont derrière eux, pour nous retarder. Mais, la Marne, on était si content de la repasser, qu’on l’aurait bien franchie à la