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princesses de science

femme, ne voulait céder à aucun autre le soin de poser la glace et le stéthoscope, tour à tour, sur ce thorax haletant. Elle notait aussitôt les observations en vue de sa thèse, dont l’élaboration, du coup, fit un grand pas. À cette époque, l’Hôtel-Dieu l’absorbait à un tel point qu’elle prit l’habitude de déjeuner, presque chaque jour, à la salle de garde. Chez elle, ce repas lui causait une perte de temps : Fernand ne rentrait parfois de ses visites qu’à une heure de l’après-midi ; elle l’attendait, oisive, rongeant son frein à l’idée de ses travaux suspendus. La causerie qui prolongeait le dessert, ensuite, ne lui permettait pas de rentrer à l’hôpital avant deux heures et demie. À déjeuner sur place, elle gagnait, calcula-t-elle, deux heures chaque jour. Elle redoutait pourtant que ce nouvel arrangement ne peinât son mari. Mais Guéméné ne fit aucune objection, ne montra nul mécontentement. Il acquiesçait volontiers à toutes ses exigences depuis le dîner des Herlinge. Elle s’en apercevait et crut que l’attitude des grands confrères envers elle l’avait influencé. Elle s’en glorifia, s’imaginant avoir désormais plus d’importance aux yeux de Fernand.

Lui se résignait, avait une arrière-pensée et s’adonnait, sans qu’elle le questionnât, à un travail excessif. Sans négliger sa clientèle, en effet, il avait entrepris des recherches au laboratoire de thérapeutique expérimentale de l’École. Août survint, plus torride encore que juillet. Les Her-