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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/211

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princesses de science

Un matin, au lever, une syncope la cloua au pied du lit. Fernand s’effraya, la soutint, appela les bonnes. On s’empressa ; mais elle congédia les deux femmes et, revenue à elle, demeurait livide, avec une intraduisible expression de chagrin au fond de ses yeux humides.

— Tu souffres ? demanda Fernand, affolé.

Elle dit non, d’un signe.

— Mais tu es malade, Thérèse ! Que peux-tu bien avoir ?

— Je sais ce que c’est, dit-elle ; cette syncope m’a renseignée.

Elle s’abattit dans le fauteuil, les mains pendantes sur son peignoir, avec un découragement indicible ; puis, de ses yeux, des larmes jaillirent, coulèrent lentement, plus abondantes à mesure qu’une pensée plus intense, plus nette, aiguisait son regard.

— Thérèse ! cria Fernand.

Éperdument elle se leva, lui jeta les bras au cou, pleurant, sanglotant, disant sa peine avec une douceur où se cachait un passionné reproche.

— Tu l’as voulu, mon pauvre chéri, tu l’as voulu ! Nous étions si bien sans cet enfant ! Nous nous suffisions, étant tout l’un pour l’autre. Maintenant que de troubles, quel bouleversement !

Guéméné, se raidissant, lui prit les poignets, et, impérieusement :

— Ne pleure pas, Thérèse ! Je suis heureux, moi !

Il tremblait, la contemplait avec religion, répétait :