Page:Yver - Un coin du voile.djvu/101

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— Quoi ! Parce que, de propos délibéré, j’ai anéanti une affaire pleine de promesses pour moi ? Mais, tout de même, quelle femme aurais-je été de subordonner à mon petit succès le bonheur, la vie morale, tout l’avenir de deux êtres de cette valeur ?

Lachelier dit :

— Ne vous défendez pas ! Je suis vexé de ne pas plaider, mais je vous admire.

Et il répéta :

— Je vous admire même beaucoup, ma petite confrère.

Il avait une pointe d’émotion dans la voix, et, comme il était grand comédien à la barre, Marguerite pensa :

« Il se moque de moi. »

Et tout haut :

— Mais que faisons-nous là ? Partons, voulez-vous ? Je plaide à la onzième du tribunal pour une petite bonne…

— D’office ? interrogea Lachelier.

— Naturellement, fit-elle, en éclatant d’un beau rire.

Et ils se rendirent côte à côte au Palais, en