Page:Yver - Un coin du voile.djvu/12

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L’ÉPOUSE

Il avait trente ans, et sa vie avait été triste. Fils de fonctionnaires pauvres, boursier dans un collège, bachelier précoce, normalien, puis, professeur d’histoire dans un lycée parisien, il avait ignoré de l’existence, non seulement les plaisirs, mais les douceurs. En dehors des jouissances amères et fiévreuses du travail cérébral auquel il s’était éperdument consacré, rien ne lui avait souri. Le foyer paternel éteint depuis longtemps dans la ville lointaine de l’Ouest où ses parents avaient vécu, il était demeuré seul, livré à cet égoïsme austère, sceptique et noir des isolés. Et, subtil ana-