Page:Yver - Un coin du voile.djvu/129

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pareille à une essence qu’on scelle dans un flacon sacré pour le défendre de tout mélange lui apparaissait en cette femme impénétrable, et rigide dont les yeux lui fouillaient l’âme.

Tremblante de timidité, elle lui offrit l’unique fauteuil.

— Mademoiselle, reprit madame Yergeas avec une sincère courtoisie, je sais sous le coup de quelle épreuve vous êtes. Vous avez perdu une sœur charmante. Tout le monde s’est ému de votre douleur, mais moi la première, qui, par mon fils, suivais les péripéties de la maladie. Elle avait vingt-deux ans, n’est-ce pas ? C’est épouvantable. Permettez-moi, mademoiselle, de vous offrir mes condoléances les plus vraies. Mais votre sœur est morte d’une mort admirable. Elle est entrée dans la phalange de ceux qui tombent pour l’humanité. Je suis vieille, mademoiselle, mais je me suis enthousiasmée depuis huit jours, pour le drame qui se jouait ici, pour cette jeune fille, victime de ses soins aux petits malheureux.

— Je vous remercie, madame, dit Johannah.

— Au cimetière, ce matin, je me suis incli-