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Page:Yver - Un coin du voile.djvu/128

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Le coup à la porte, qu’elle attendait, résonna enfin, sourd et discret. Elle se leva, du toucher de son doigt sur le bouton électrique fit jaillir la lumière, et alla ouvrir.

Ce n’était pas Vergeas, mais une vieille dame dont les vêtements avaient des bruissements de soie. Elle était en noir ; sur ses cheveux gris, son chapeau petit posait un bandeau de tulle blanc qui encadrait son beau visage aristocratique et fané. Elle était grande, d’allure hautaine, mais ses yeux bruns, cernés et vifs, respiraient la droiture et la bonté. Elle dit en entrant, avec une froideur légère :

— Mademoiselle, je suis madame Vergeas.

Et Johannah eut peur.

Étrangère, venue on ne savait d’où, sans famille, inconnue, que ne pouvait-on pas penser d’elle ? Que pensait d’elle cette vieille femme française dont elle chérissait le fils et qui avait droit contre elle à tant de défiance ? Toute la tradition de France dont elle connaissait la rigueur, la répulsion française pour tout ce qui n’est pas français, la subtile caractéristique de cette race fermée, l’âme enfin de ce pays,