Page:Yver - Un coin du voile.djvu/139

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Elles furent, en un clin d’œil, assaillies d’adorateurs. L’armée, qui est aventureuse, occupait les avant-postes ; le civil restait en arrière. Pour ma part, j’étais au dernier plan : non pas que l’envie me manquât de me faire le cavalier de l’une d’elles, mais, figurez-vous, ma marraine, que j’étais dans la situation d’un homme vers qui s’avanceraient deux déesses, et qui serait autorisé à faire danser l’une ou l’autre. Un bel uniforme peut se permettre des choses interdites au pauvre clerc d’un tabellion de sous-préfecture.

Seulement — la vanité est parfois bien mal récompensée — le bel uniforme ne fut pas si fier, qui s’était avisé d’inviter Friquette, quand celle-ci, dès le premier pas de danse, à brûle-pourpoint, et par une saute de son esprit impétueux, lui demanda s’il connaissait les poètes britanniques, l’interrogeant à la fois de sa parole et de son regard vif.

— Un regard d’Andalouse, nous disait après le malheureux garçon qui n’avait jamais su un mot d’anglais et qui en était secrètement vexé dans l’occurrence. Car, sous sa chevelure de