Page:Yver - Un coin du voile.djvu/140

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lionne, elle a les yeux d’un noir d’encre, et elle le sait, et elle en accentue la beauté sombre d’un coup de crayon aux cils, cela est positif.

Un peu plus tard, au salon de jeu, les danseurs s’amassaient plus penauds les uns que les autres, et s’entre-faisaient leurs doléances. Du premier au dernier, Friquette les avait tous déconcertés. Elle avait demandé à l’un ce qu’il pensait de Tennyson, à l’autre, s’il était partisan de l’émancipation des femmes ; à un troisième, s’il préférait Descartes à Pascal, sans parler de ses insidieuses questions sur le théâtre grec, sur Corinne, sur Pythagore… et sur tout.

Aussi belle, mais moins étourdissante, moins tourbillon, moins tapageuse que sa sœur, madame d’Arnoy poursuivait ses conquêtes comme les reines gagnent des victoires. Et toute la nuit, jusqu’à l’heure où les bougies des lustres s’éteignirent dans la lueur du jour, je me demandai : laquelle ferai-je danser, la blonde ou la brune, la reine de Saba ou la druidesse, la déesse ou la nymphe ?

Grands dieux ! Quelle lettre, ma marraine !