Page:Yver - Un coin du voile.djvu/144

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s’est assise près de la sous-préfète ; sa sœur s’est trouvée ma voisine.

Comme je ne lui adressais pas la parole pour toutes sortes de raisons, dont la première était que je ne trouvais rien à dire :

— Vous devez vous imaginer ce que nous nous ennuyons ici, me dit-elle, en tournant vers moi, d’un air protecteur, sa petite tête fière, coiffée d’un volumineux chapeau excentrique ; ma sœur et moi, nous n’avions jamais quitté Paris. Connaissez-vous Paris, monsieur ?

— J’y ai été élevé, mademoiselle, répondis-je, chez une amie de ma mère, la baronne de C…

— Vous alliez souvent au théâtre alors, je pense ; je ne parle pas des théâtres classiques, mais des théâtres nouveaux ; ceux qui ont leur piquant de modernité, et des affiches aux femmes blêmes, vous savez ? Moi, j’adore ces affiches-là et le théâtre ; seulement… pas le vieux.

Elle bavarda longtemps sur ce ton, et me fit miroiter à plaisir la diversité de ses goûts inquiétants pour m’étonner ou me divertir,