Page:Yver - Un coin du voile.djvu/155

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Votre grand aveuglement dans ceci, c’est que, tout en soupçonnant le danger, vous ne savez pas au juste ce que vous redoutez. Friquette vous fait peur, il n’est que trop aisé de s’en apercevoir. Vous avez peur, c’est bon, mais peur de quoi ? D’être malheureux avec elle, n’est-ce pas ? et vous affirmez que ce sera encore le bonheur, ce malheur-là. Ah ! mon cher ami, vous vous illusionnez complètement. Quand je vous ai prédit qu’avec une femme de ce genre vous seriez le plus malheureux des hommes, je n’ai pas voulu dire que Friquette laisserait en désordre son livre de comptes, qu’elle fonderait des clubs de femmes pendant que son mari se morfondrait au logis et que le linge de monsieur en souffrirait. Non, je n’ai fait allusion ni aux heurts de caractères, ni à l’inconfort dans lequel elle laisserait sa maison. Avec toutes ces choses, j’admets que vous seriez encore heureux si elle restait pour vous la Friquette adorée, l’idole frivole et pétrie de défauts que vous aimez aujourd’hui. Mais voici, mon enfant, où vibre le nerf délicat de la question ; voici ce que je vous supplie de considérer : lorsque, dans le long seul à seul