Page:Yver - Un coin du voile.djvu/162

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J’étais pris d’une inconcevable timidité. La douleur de cette enfant folle me semblait quelque chose de sacré, en dehors de quoi je devais me tenir, et pourtant, vous ne pouvez savoir combien je souffrais à la pensée de lui paraître indifférent.

Enfin, hier soir, me sentant un peu de courage, je me suis mis en route.

Le deuil qui plane dans cette maison m’étouffait quand je suis entré. Les fleurs meurent le long des plates-bandes du parc, les volets des fenêtres sont fermés comme des paupières de morte ; les domestiques assourdissent leurs pas sur les galets du jardin, et la somptuosité des perrons est quelque chose de lamentable, quand on songe au désespoir que recèle la maison où l’on entre.

On m’introduisit dans le premier salon en me prévenant qu’on ne savait si M. d’Arnoy me recevrait. La pièce était complètement obscure du fait des fenêtres closes et des lourds rideaux baissés. La tristesse mortuaire était toujours là. Elle imprégnait le luxe de ce salon, que les tentures assombries parais-