Page:Yver - Un coin du voile.djvu/163

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saient tapisser de longs draps noirs. C’était le royaume de la douleur s’implantant chez des riches, et déployant mieux là qu’autre part ses pompes ténébreuses.

Une porte s’ouvrit, je pensais voir le veuf. J’eus le serrement de cœur de l’homme non éprouvé devant son semblable qui souffre.

Mais c’était Friquette qui était là.

Rien ne survivait, dans cette triste apparition de jeunesse, de la Friquette connue jusqu’ici. Son long corps fluet et souple, enveloppé de la robe de chambre noire mise en hâte, glissait sur le tapis, participant du silence de deuil de la maison. Sa chevelure soyeuse avait le sans-soin qui, chez les femmes, accuse si bien le découragement. Le chagrin avait fléchi le port orgueilleux de sa tête ; et ses yeux si gais, alanguis maintenant, cernés, brûlés par les larmes, se fixèrent sur les miens avec un intraduisible regard de désolation.

— Pardonnez à mon beau-frère, me dit-elle, il ne peut voir personne et n’a pas voulu se décider à descendre.

— Mademoiselle Friquette, lui répondis-je,