Page:Yver - Un coin du voile.djvu/166

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suis sûre que plus d’une fois vous vous êtes dit que j’étais bien mal élevée. Mais vous, au moins, vous ne m’avez pas laissée dans ma peine sans me montrer de l’amitié. Tandis que les autres se vengent, maintenant qu’ils me savent horriblement triste… Enfin, cela est peu de chose, à côté du reste !

Je l’écoutais toujours, mes lèvres demeuraient fermées, j’entendais sa voix vaguement, comme dans un rêve.

Cependant, le rideau blanc du berceau s’agita faiblement ; des cris d’enfant m’éveillèrent. Friquette se leva, courut, prit dans son bras la toute petite fille, et revint près de moi, la dorlotant d’un geste adorable. Elle pleurait aussi maintenant, sans doute de se voir si près d’un étranger, avec cette enfant dans la fragile vie de laquelle palpitaient tant de souvenirs douloureux ! On aurait dit qu’une longue camaraderie lui permettait ces larmes en ma présence.

Depuis un long moment nous gardions tous deux le silence. Enfin, marraine, mes lèvres s’ouvrirent, et d’une voix si basse que je ne sais comment elle l’entendit, je murmurai :