Page:Yver - Un coin du voile.djvu/193

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vint à la fin que mademoiselle de Vauges était sa meilleure élève l’an passé. Alors il lui demanda si elle voudrait essayer avec un de ces jeunes gens un pas nouveau, qu’elle dansait mieux que personne. Sur l’affirmative de Claudia, il s’en alla trouver son élève auquel il eut l’air de murmurer quelques mots d’excuse. Lorsque Claudia se trouva en face de son danseur, ils se reconnurent. C’était précisément l’un de ses adorateurs du dernier bal. Ils se saluèrent cérémonieusement, et la jeune fille devina à son air embarrassé qu’il avait appris sur son compte d’alarmantes nouvelles. Alors, quoique naturellement très bonne, dominant ce futile garçon de toute la supériorité du rôle qu’elle jouait, le dépassant surtout par la virilité de son caractère féminin, elle savoura jusqu’au fond le plaisir de peser cette légèreté mondaine, de mettre à nu la fragilité de cet esprit d’oiseau, et de voir le pauvre oiseau se prendre en effet au piège que son dilettantisme malicieux lui tendait. Et l’image fuyait au long des glaces de ce couple étrange où lui, découpé dans son habit correct, comme une illustration anglaise, cherchait à