Page:Yver - Un coin du voile.djvu/223

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rait dans le rôle atroce du vieux parent gêneur. Nous serions coupables… Croyez-moi, mon amie, il est plus décent et plus noble d’établir dès maintenant sa vie séparée de la nôtre. Nous le ferons avec toutes les précautions possibles. Nous ne le délaisserons pas. Son bien-être sera notre souci. Nous l’aimerons…

Et Hélène commença de sentir peser sur elle l’éternel et angoissant mystère de ce scalpel fatal qui ne recrée partout et à toute heure la famille humaine qu’en déchirant implacablement dans la substance des âmes.

Éternellement le vieil arbre humain gémira de se sentir arracher ses rameaux, et les boutures, étourdies de sève nouvelle, transplantées au loin, y pousseront leurs racines, sans pouvoir jamais revenir au vieux tronc où elles puisèrent la vie.

Indignée tout d’abord, la jeune fille cependant se laissa prendre aux puissances de cette loi qui l’asservissait en la révoltant. Elle suivit la fatalité et crut celui qu’elle aimait.

— Mon petit père, dit-elle un matin, câlinement, maintenant que je vais être mariée, ne