Page:Yver - Un coin du voile.djvu/245

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» Elle me répondit :

» — Que faudra-t-il faire ?

» Je lui appris à poser des ventouses, des pointes de feu : je la fis opérer devant moi. Lamentable, inerte, il présentait ses omoplates nues, et je surveillais avec méfiance Marie-Thérèse penchée sur ce corps détesté, martyrisant cette chair, la ravageant : ce pouvait être avec délice. J’espionnais les mouvements de ses doigts, les vibrations du thermo-cautère, le regard de ses yeux quand, dans la prostration, le malade gémissait. Mais les yeux de la femme restaient illisibles, et pour sa main, je ne pouvais qu’admirer combien elle était délicate, légère et comme attentive à causer la moindre douleur possible en cette torture.

» Toute la nuit, ce que j’avais vu là me hanta. La vision de cette belle créature raffinée, perdue dans ce logement d’indigence, me poursuivait. Je mesurais et nombrais ses souffrances. Quelle rancune devait avoir pris racine en elle contre cet homme ! et je pensais surtout aux deux petites jumelles, mal nourries et maladives, que j’avais vu son œil de mère