Page:Yver - Un coin du voile.djvu/252

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chaise était posée de biais, comme fraîchement dérangée, sur la descente de lit ; mais Marie-Thérèse n’était pas là…

» J’observai, à la prunelle du malade, que la lucidité était revenue. Je hasardai avant tout la question qui me brûlait les lèvres :

» — Êtes-vous seul, monsieur ?

» Il me regardait avec la même fixité terrifiée, faible à ne pouvoir parler ; d’ailleurs, ne me reconnaissant pas.

» — Je suis votre médecin, je viens vous voir. Êtes-vous seul ?

» Il fit oui de la tête.

» — Votre femme ?

» Ses prunelles bougèrent stupidement, errèrent par la chambre : il prononça :

» — Elle n’est pas là, ma femme…

» Il avait la respiration plus longue, moins douloureuse, le thorax pouvait s’allonger dans la position presque normale, sans la crispation du matin.

» Je me dis :

« La misérable ! elle a vu le mieux, elle est partie. La mort l’a déçue, et n’osant pas l’ap-