Page:Yver - Un coin du voile.djvu/288

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attendions l’absent. Elle se mit de nouveau à m’échapper comme autrefois ; je m’évertuais à la comprendre, et à peine pouvais-je seulement saisir par hasard les regards étranges de ses yeux de mystère.

Le jeudi soir, veille du retour, quand elle revint d’une très longue promenade faite à cheval dans les jolis vallons de Saint-Wandrille, j’eus une bien triste nouvelle à lui annoncer. Je ne savais comment m’y prendre, m’attendant à l’explosion d’un chagrin trop longtemps comprimé.

— Il ne viendra pas demain, lui dis-je tremblante, j’ai reçu une dépêche, ma pauvre chérie ; ses terribles affaires le retiennent encore un jour.

Mais elle soutint le coup sans broncher. Seulement, l’ombre de ses cils s’abaissa encore, et l’éclair de ses yeux qui l’aurait trahie, je ne le vis pas. Que pensait-elle ? Que sentait-elle ?

Le samedi, ce fut encore une dépêche qui vint au lieu de Jean. Dépêche encore le dimanche, et puis plus rien… rien que l’attente de toute minute, une inquiétude lourde qui se