Page:Yver - Un coin du voile.djvu/58

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ses contreforts, ses pinacles aériens. L’étrangère, qui manifestait une invincible émotion, dit, les prunelles fixées sur l’avocate :

— Vous avez beaucoup de talent.

— Moi ? Oh !… balbutia la jeune fille avec le contentement secret des vrais modestes que l’on complimente.

— Certainement. Depuis quelques semaines, je viens beaucoup au Palais, dans l’espoir d’entendre des femmes plaider. C’est par hasard si je me suis trouvée à cette audience où vous deviez parler. Vous l’avez fait si simplement et avec tant de cœur que vous m’avez impressionnée.

— Qu’ai-je donc dit ? s’écria mademoiselle Odelin sincèrement étonnée.

— Mademoiselle, poursuivit l’inconnue, je suis à la veille d’un procès très grave…

Elles cheminaient maintenant d’un pas rapide parmi les couloirs conduisant au vestiaire. On croisait un long défilé d’avocats se rendant à la correctionnelle ; tous saluaient mademoiselle Odelin d’un petit air distrait en même temps que courtois, comme s’ils affectaient de n’aper-