Page:Yver - Un coin du voile.djvu/57

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faveur d’une mineure inculpée de vol, rougit à cette demande.

— Je suis à votre disposition, madame ; voulez-vous que nous causions ici ou salle des Pas-Perdus ?

— J’aimerais mieux aller chez vous, dit l’inconnue.

Elles s’entre-regardaient curieusement pendant l’échange de ces mots. Mademoiselle Odelin était une jolie blonde de vingt-six ans, délicate et timide juste assez pour que sa forte intellectualité et son esprit ferme se trouvassent heureusement voilés sous les grâces de la jeune fille. Son interlocutrice paraissait avoir trente ans. Vêtue avec une élégance excessive d’une redingote de drap noir, elle montrait, sous l’ombre du chapeau et de la voilette sombres, un visage passionné, des yeux douloureux, ardents et beaux. Elles firent ensemble quelques pas dans le spacieux vestibule tout blanc de la correctionnelle, puis, de concert, l’une et l’autre s’arrêtèrent. Par les immenses baies, on voyait l’abside de la Sainte-Chapelle aux lignes pures, le jet hardi de