Page:Yver - Un coin du voile.djvu/75

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Marguerite Odelin ne résista pas plus longtemps. Il ne s’agissait maintenant que de déterminer quelques détails. Était-il présumable, par exemple, que le mari formulât au procès une accusation précise ? Mais la jeune femme se récria. Non, non ! Jamais, même aux moments des pires colères, M. de Savy ne l’avait soupçonnée. C’était sa seule irréductibilité d’épouse qui faisait le véritable objet du conflit. Cependant, depuis la séparation, par un sentiment d’inexplicable pudeur, par un scrupule irraisonné, elle s’était refusée à recevoir le baron…

Il fut convenu que mademoiselle Odelin serait dès le lendemain en possession du dossier. À la porte, toutes deux s’embrassèrent. Elles étaient amies. L’avocate sentait une importance inconnue l’envahir, l’élever. Elle était celle à qui des orgueilleuses de cette espèce pouvaient s’abandonner. Elle était la protectrice de cette hautaine faiblesse. Elle était quelqu’un.


— Mâtin ! mademoiselle, lui dit maître