Page:Yver - Un coin du voile.djvu/74

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Chambre ; le prestige qu’elle posséderait désormais ; son talent affirmé, envié ; la faveur du public conquise ; la fortune ; le délice de la victoire remportée sur le sort. Pourtant un sentiment étrange l’oppressait. Elle n’avait jamais plaidé de divorce. Sa forte éducation de bourgeoise française, très nourrie de traditions, lui montrait comme un sacrilège la destruction de ce foyer à laquelle contribuerait son art. C’était un scrupule indistinct que n’étouffait pas sa longue habitude des choses judiciaires. Elle demanda :

— Êtes-vous bien sûre, madame, de ne jamais regretter cette décision ?

Madame de Savy sourit.

— Regretter ? Pourquoi regretter ? Je n’ai pas d’enfants, mon cas est donc des plus simples. Tout le monde, tous les miens ont tenté la réconciliation. C’était une sorte de persécution contre moi… J’en ai souffert beaucoup. Maintenant, j’ai besoin d’une alliée qui partage mon indignation, d’une auxiliaire qui soit vraiment avec moi contre cet homme. Dites, acceptez-vous de me défendre ?