Page:Yver - Un coin du voile.djvu/77

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garçon, sûr de lui, il l’était moins de sa frêle adversaire, ayant, d’un tacite accord avec tout l’Ordre, affecté jusqu’ici d’ignorer les avocates. Cependant la légende de vaillance, de déboires fièrement endurés, qui planait sur cette délicate confrère, ne lui était pas inconnue. Un tel respect, une telle estime suivaient partout mademoiselle Odelin qu’il éprouvait aujourd’hui un secret contentement à lui voir cette heureuse fortune.

— Il nous faudra travailler ce dossier-là, ajouta-t-il avec un brin de condescendance.

— J’y compte bien, reprit-elle gaiement, trop intelligente pour n’avoir pas saisi la nuance ; ne serait-ce que pour devenir moins indigne de mon adversaire.

Dans le couloir, ils s’étaient assis, pour causer, sur un banc, face au vestiaire dont la porte, poussée par d’innombrables avocats, s’ouvrait et se fermait dans un perpétuel va-et-vient.

Lachelier leva les yeux sur Marguerite ; il la trouva charmante avec son sourire fin, sa joue gracieuse, son air spirituel.