Page:Yver - Un coin du voile.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais je suis très fier de vous combattre, dit-il vivement.

Elle n’en crut rien et prit, dans la serviette qu’il lui offrait, une liasse de pièces qu’elle feuilleta. C’étaient des lettres de madame de Savy à son mari. De temps à autre, elle émettait une réflexion en un mot, et le mot marquait si juste, la pensée était si personnelle, que Lachelier en vint à se demander s’il n’allait pas devenir intéressant pour lui de disputer à la barre avec cette modeste confrère. Quand elle sut ce qu’elle désirait, prestement elle se leva, lui serra la main et disparut derrière la porte du vestiaire.

Travailler, quel délice pour elle dans de semblables conditions ! Travailler glorieusement une belle cause, réaliser tous ses rêves : avait-elle jamais escompté pareille chance. Le travail la portait. Elle élaborait dans la joie le thème de sa défense. Une véritable inspiration charmait ses veilles. C’était un bonheur inconnu. Elle le savourait naïvement. Elle l’annonçait aux siens dans une lettre enfantine : « Chers parents, je vais être célèbre, tout simplement ».