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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/35

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outré ; il souleva un léger murmure dans la bouche de Frida, de Nelly et des Italiennes.

Pour Mme de Bronchelles, elle avait avancé la main, selon la coutume du shake-hand ordinaire à toute arrivée d’élève ; mais la petite créole, dédaigneuse de cet accueil cérémonieux, lui jeta les bras autour du cou et l’embrassa de toutes ses forces dans un geste d’enfantine câlinerie.

Alors, d’un seul coup et pour jamais, toutes ses préventions s’évanouirent ; elle se rappela soudain ses jeunes années, le petit garçon d’autrefois qui avait été son meilleur camarade et dont elle retrouvait maintenant la fille sous cette curieuse figure de mulâtresse agréable et singulière ; elle sentit ce jeune cœur ardent, souverainement affectueux, elle s’attendrit de ses propres souvenirs, de cette condition équivoque de l’enfant, surtout de son mouvement spontané, et, saisissant de ses deux mains sa petite tête souriante, elle l’embrassa en retenant ses larmes.

Frida et Nelly, toujours vêtues de leurs fourrures blondes, se tenaient stupéfaites à quelques pas derrière.

« My goodness ! les entendait-on s’exclamer à mi-voix ; oh ! my goodness ! »

Pendant ce temps, les quatre bonnes pimpantes