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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/109

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météore, ne laissait derrière elle que tourbillons de poussière et imprécations.

Que s’était-il passé ? Ceci : Léonora Galigaï, arrivée au Louvre une heure après son mari, avait eu une mystérieuse conversation avec un homme. Et alors, elle avait cherché Concini, l’avait trouvé achevant de se réconcilier avec la reine, et lui avait glissé ces mots à l’oreille :

"Je crois qu’il va arriver un accident de cheval à Sa Majesté le roi. Il serait bon que l’oiseleur n’en profite pas à votre place. Allez donc voir ce qui se passe sur la route de Meudon !"


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Il est onze heures du matin. Le soleil, presque au zénith, irradie la plaine et les bois. Une buée de chaleur étouffante monte de la terre gercée, crevée de sécheresse. Tout se tait. Une torpeur immense règne sur la nature. C’est à cette heure là qu’une autre troupe de cavaliers sort de la maison de Meudon située en face de l’auberge de la Pie Voleuse. Ils sont trois. Ils vont au pas vers Paris, et l’un d’eux semble écrasé sous le poids de quelque douleur. Ils sont masqués. Et ceci n’a rien de surprenant à une époque où l’on porte le loup pour se garantir le visage, aussi communément qu’on porte aujourd’hui des gants.

Le duc d’Angoulême ! Le prince de Condé ! Le duc de Guise ! Ils sortent de la maison où ils ont tout convenu pour la suprême réunion des conspirateurs qui doit avoir lieu trois jours plus tard, le 22 août, à Paris... Mais ce n’est pas seulement pour conspirer qu’Angoulême est venu à Meudon. Il est surtout venu dans l’espoir de retrouver là sa fille... son âme ! l’adoration de sa vie !

Il n’a trouvé que Violetta. Il n’a trouvé que la pauvre folle, à qui il a à peine adressé quelques mots. Et maintenant, escorté du duc de Guise et du prince de Condé, il s’en retourne à pas lents, la tête sur la poitrine, tressaillant parfois, songeant à cet inconnu, à ce chevalier de Capestang dont il a trouvé l’étrange billet et qui, sûrement, lui a enlevé sa Giselle. Et alors une malédiction monte à ses lèvres qui profèrent quelque terrible serment de vengeance.


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Il est onze heures. Éperdument, le marquis de Cinq-Mars galope à travers bois, à la recherche du rival détesté. Il parcourt