Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/179

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maisons achevées et habitées se trouve juste en face de l’hôtel où vous pénétrâtes hier. Au-dessus de cette maison en remontant la rue, on ne trouve que belles palissades de sapin. Lorsque vous fûtes entré, donc, me laissant votre cheval à garder, je commençai par contourner l’une de ces palissades, j’entrai dans un terrain en friche, et j’attachai à un madrier les deux bêtes. Là, monsieur, vous eussiez pu trouver votre Fend-l’Air, si vous l’aviez cherché en sortant.

— La bourse, parle-moi de la bourse perdue ! grogna Capestang.

— J’y arrive, monsieur. Je n’y arriverai que trop tôt. Ayant attaché les bêtes, je me rapprochai de la maison dont je viens de vous parler. Je m’étais accroupi dans un renfoncement, derrière un tas de poutres et de moellons, et je commençais à m’assoupir lorsque je fus réveillé par le bruit d’une porte qui s’ouvrait. Je risquai le plus clairvoyant de mes deux yeux vers cette porte qui était celle de la maison située en face de l’hôte d’Angoulême, et j’en vis sortir deux hommes, dont l’un alluma une petite lanterne. Tous deux se mirent à considérer l’hôtel..."

Capestang se remit debout et commença à oublier la bourse.

"Je n’étais séparé des deux escogriffes que par l’épaisseur des madriers. Je les voyais et les entendais distinctement. L’homme à la lanterne demanda : « Ainsi, ils sont venus ?... » L’homme sans lanterne répondit : « Ils y sont. Je les ai vus de ma fenêtre. Allez dire à monseigneur que, s’il veut, le coup de filet sera de bon rapport. – Peste ! reprit l’homme à la lanterne, M. de Richelieu... »

— Richelieu ! interrompit sourdement Capestang.

— Oui, monsieur. « M. de Richelieu, donc, choisit son heure. Vous êtes ici en surveillance, maître Laffemas. Surveillez donc. » Là-dessus, l’homme à la petite lanterne s’éloigna. Mais brusquement, il revint sur ses pas et ajouta : « Savez-vous ce que je ferais à votre place ? – Dites. – Eh bien ! mon cher monsieur Laffemas, à votre place, j’essaierais d’entrer là-dedans. Ce serait un coup de maître. » Et, cette fois, l’homme s’éloigna pour ne plus revenir.

— Et que fit Laffemas ? interrogea le chevalier haletant.

— Sans doute, il jugea que le conseil était bon : il entra.

— Dans l’hôtel ?

— Oui, monsieur. Seulement, ce ne fut point par la porte. Le drôle traîna une forte planche jusque sur le quai. Là, il y a le mur qui enclôt les jardins. Il dressa la planche contre le mur et se mit à grimper. Ma foi, monsieur, je grimpai derrière lui et arrivai juste à point pour voir une ombre s’enfoncer dans une petite porte qui ouvre sur le pavillon d’arrière. Je sautai dans le jardin, j’allai à la petite porte, je trouvai un escalier que je montai à tout hasard, mais plus de Laffemas ! Je me mis à errer dans l’obscurité, pestant