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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/20

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d’espoir, d’orgueil retentit dans son être, au plus profond, au plus secret de son cœur :

"Lui ! Henri de Cinq-Mars !"

Blafard, balbutiant, une sueur froide au front, Concini vit à deux pouces de sa poitrine la pointe de la forte rapière. D’une violente saccade, il recula.

"Quel est ce truand de grande route ! bégaya-t-il.

— Va-t'en ! rugit Capestang.

— Sais-tu bien qui je suis ? l’échafaud ! la potence ! la torture, si...

— Va-t'en !" tonna Capestang.

Et cette fois, un si terrible éclair jaillit de ses yeux, une si mortelle décision parut sur son visage, que Concini, devant ce groupe fulgurant que formaient ce cavalier, ce cheval prêt à bondir, cette rapière prête à tuer, Concini sentit le froid de l’agonie pénétrer jusqu’à ses moelles.

"C'est bien !" balbutia-t-il de ses lèvres écumantes de rage, blanches de terreur.

Et il se recula de quelques pas. Le chevalier de Capestang volta, se trouva face à Giselle. Une seconde ils se regardèrent, tremblants tous deux de la même profonde et lointaine émotion dont ils ne connaissaient pas les sources mystérieuses. Il s’inclina devant la jeune fille immobile, pâle, semblable à quelque admirable statue qui se fût animée au souffle d’une pensée d’amour.

"Madame, dit-il avec une infinie douceur, tant que j'aurai l'honneur de me trouver près de vous en cette circonstance, je vous supplie de ne plus rien craindre..."

Elle secoua sa tête charmante, un reflet de fierté nimba son front.

"Je ne crains rien, monsieur, mais remercié soyez-vous du fond de mon cœur..."

En ce moment, Concini, saisissant un sifflet d’argent suspendu à son cou, gronda une imprécation furieuse. Dans le même instant, le coup de sifflet strident déchira le silence des bois. Et alors, le bruit d’une furieuse galopade se fit entendre.

"Saisissez cet homme !" hurla Concini.

Huit ou dix cavaliers se ruèrent sur le chevalier de Capestang. Et Concini lui-même, un rire terrible au coin des lèvres, marcha sur Giselle !... Et, dans un geste de triomphe, il leva la main sur elle.

Le jeune homme enveloppa les flancs de Fend-l'Air d'une puissante pression : l'animal se rua d'un bond furieux ; des cris, des hurlements, des malédictions retentirent ; Fend-l'Air, dans la vivante muraille des assaillants, faisait une trouée sanglante et passait.

Aussitôt, Capestang sautait à terre et, de sa ceinture, tirait un poignard solide. Et, dans le moment précis où Concini