Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/221

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ivresse. On voit bien que tu n’es guère diplomate, mon ami ! À cinq heures, le contrat. À six la bénédiction du prêtre. Voilà !

— Voilà ! Peste, que voilà qui est diplomate et seigneurial. Et vous assisterez au mariage, monsieur de Lanterne ? Sûrement, le futur époux ne voudra pas se passer de vous en cette circonstance ?"

Lanterne s’assit par terre et se cramponna des deux mains à la chaussée fangeuse.

"Parbleu ! fit-il sévèrement. Il ne manquerait plus que cela que M. de Cinq-Mars se marie sans que je sois à l’office (– Oh ! oh ! tressaillit Cogolin.) Je te disais donc que puisque le mariage a lieu demain, il y aura ripaille. Un mariage sans ripaille n’est plus un mariage. Et alors... alors, je t’invite ! Cogolin, je veux que tu viennes. Mais je veux que devant Raimbaud, Bourgogne, et toute cette valetaille d’Angoulême, tu... je... c’est-à-dire...

— Je vous donnerai tous vos titres, soyez tranquille, monsieur de Lanterne.

— Cogolin, embrasse-moi, sanglota Lanterne.

— Demain ! fit Cogolin. Demain ! Devant la fiancée qui doit être joliment attifée et avenante, hein ?

— Je ne sais pas. Je n’ai jamais vu Mlle Giselle."

Cogolin, qui s’était accroupi pour recueillir le secret qu’il arrachait bribe par bribe, se redressa comme si un ressort l’eût poussé. Il baissa la tête, et murmura :

"Pauvre M. de Capestang ! Ma foi, j’eusse autant aimé ne pas savoir ! Et ce n’est pas moi qui lui apprendrai cette triste nouvelle. Il serait capable de m’arracher la langue.

— Cogolin ! mugit Lanterne, ne m’abandonne pas, mon ami !

— Non, non, fit Cogolin qui aida son amphitryon à se relever, soit qu’il crût avoir encore quelque chose à en tirer, soit simplement par reconnaissance pour le bon dîner qu’il venait de faire. Là ! Tenez-vous bien à mon épaule. En route ! Mais dites donc, puisque vous m’invitez à la ripaille, où dois-je venir ?

— Parbleu ! dit Lanterne en éclatant de rire. Si nous entrions tout de suite ? Nous serions tout portés pour demain ?

— Entrons ! Mais où ?

— Là ! dit Lanterne qui, après deux ou trois tentatives, parvint à désigner de son bras étendu l’une des maisons de la rue des Barrés.

— C’est là que s’est arrêté le carrosse qui suivait Laffemas ! Tout est limpide maintenant ! Ah ! pauvre chevalier de Capestang ! Quel sang et massacre tu vas rugir !

— Entrons ! dit résolument Lanterne. J’ai la clef de la petite porte !