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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/222

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— Donnez. Je vais ouvrir !" dit Cogolin sans le moindre scrupule, nous devons le déclarer.

Quelques minutes se passèrent pendant lesquelles Lanterne chercha la clef que lui avait remise le laquais du duc d’Angoulême. Cogolin se mit à l’aider, et l’aida si bien qu’en un instant la clef passa dans sa poche sans que Lanterne s’en fût aperçu.

"Il faut que vous ayez perdu cette clef, reprit alors Cogolin. Au surplus, croyez-moi, mieux vaut rentrer chez vous. Vous n’en serez que plus dispos demain pour la grande ripaille. Allons, venez. Où demeure votre maître ?

— Rue Saint-Antoine... à côté... des Filles de la Croix..." bredouilla Lanterne qui se laissa emmener.

Bientôt ils arrivèrent au point indiqué, qui se trouvait à deux minutes de la rue des Barrés. Cogolin heurta à la porte basse, qui s’ouvrit. Lanterne voulut absolument le serrer dans ses bras.

"À demain, mon digne ami, balbutia-t-il en s’essuyant ses gros yeux.

— Oui. À demain, ou à un autre jour."

Comme Lanterne allait de son pas majestueux franchir la porte, Cogolin le retint par le bras.

"Voulez-vous que je vous donne un conseil pour finir dignement cette soirée ?

— Parle, Cogolin, parle, mon seul ami. Tu as acquis le droit de me conseiller."

Lanterne se pencha et mit sa main en conque derrière l’oreille pour mieux entendre.

"Mon brave camarade, dit Cogolin, écoute et retiens bien ceci : à l’avenir, défie-toi des gens qui t’appelleront M. de Lanterne. Partout où il y a un sot qu’on flagorne et un homme d’esprit qui flagorne, sois-en sûr, c’est le flagorné qui paye et le flagorneur qui s’engraisse. Adieu, Lanterne !"


Grâce au précédent chapitre que nous avons presque textuellement copié dans les Notices et mémoires sur ma vie, par le sieur Cogolin (Amsterdam, 1628), le lecteur comprend pourquoi le lendemain, vers quatre heures, le chevalier de Capestang se dirigeait vers la rue des Barrés, furieux ou désespéré, disions-nous. En effet, Cogolin, après une