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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/239

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une arrestation : celle du damné Capestang. Par le diadème en or que vous avez offert à la madone de Piedigrotta, et que vous auriez mieux fait de me donner à moi, je vous jure, monseigneur, que si je ne suis pas là pour mettre la main au collet du sacripant, je quitte votre service, je me donne à Guise, à Condé, ou même, au pis-aller, au petit Bourbon du Louvre !

— Rassure-toi, Rinaldo. Dès demain, tu seras relevé de ta faction, et je te promets que d’ici là, rien ne sera tenté contre le chevalier de Capestang. Mais approchons-nous de cette porte. Il s’agit de l’ouvrir en douceur, sans la trop faire crier.

— Nous avons les outils dans le carrosse. Eh ! monseigneur il ne faut que savoir s’y prendre. Les portes, voyez-vous, ne demandent pas mieux que de se laisser ouvrir... surtout, ajouta-t-il soudain, surtout...

— Quoi ? Qu’y a-t-il ? fit vivement Concini en rejoignant Rinaldo qui s’était approché de la petite porte.

— Surtout quand elles sont déjà entrebâillées ! acheva Rinaldo. Voyez monseigneur !

— Ouverte !" rugit Concini en pâlissant.

En même temps, il se rua à l’intérieur, suivi de Rinaldo et de ses acolytes. Il se heurta aux premières marches d’un escalier : en quelques bonds, il escalada. En haut, une porte : il l’ouvrit violemment. Une salle où brûlaient des flambeaux. Il en saisit un. De pièce en pièce, en bas, en haut, jusqu’aux combles, jusqu’aux caves, écumant, l’œil en feu, la gorge pleine de sanglots et de jurons, il courut... personne ! Solitude et silence ! La maison, du bas en haut, était déserte ! Concini jeta à toute volée contre un mur le candélabre de bronze qu’il tenait, et rugit :

"Malédiction !

— L’oiseau s’est envolé !" ricana Rinaldo en mettant le pied sur la cire qui communiquait le feu à une tenture.

Sans répondre, Concini s’élança au-dehors ; toujours suivi de Rinaldo, il courut jusqu’à la place aux Vaux, sauta sur son cheval et lui enfonça ses éperons dans le ventre.

"Louvignac ! cria Rinaldo en partant à son tour au galop de charge, ramenez nos hommes à l’hôtel. Il n’y a plus rien à faire ici."

Moins d’un quart d’heure plus tard, Concini et Rinaldo mettaient pied à terre devant l’hôtel d’Ancre. Comme ils franchissaient la petite porte à gauche de laquelle se trouvait le poste des gardes, deux hommes descendant le perron traversaient la cour d’honneur. Ils passaient dans le rayon de lumière qui fusait de la fenêtre du poste. À la vue de Concini, ils firent un mouvement. Mais il était trop tard. Concini les avait vus et reconnus sans doute, car sa figure convulsée par la rage s’apaisa avec cette instantanéité que lui eût enviée