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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/25

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"Je saurai ! fit-il. Je saurai ce qui se passe là-dedans. Par la mère qui me mit au jour ! Je ne sais si c’est la faim, ou la soif, ou le délire, mais j’enrage de curiosité."

En parlant ainsi, le jeune homme s’était mis à longer la façade de la maison puis, son tronçon d’épée à la main, il courut le long d’un mur qui, brusquement, s’enfonçait à travers champs ; au bout de cinq minutes de cette course, il parvint à un endroit où le mur s’était éboulé : il y avait là une sorte de brèche ; il la franchit.

À ce moment, la lune monta par-dessus la cime des arbres et éclaira ce décor de ses rayons bleuâtres, dont les coulées passaient entre les masses de feuillage et jetaient des reflets fantastiques. Capestang vit qu’il se trouvait dans un parc. Au fond, vers la route, il apercevait la face d’arrière de la maison hantée.

Ce logis avait un aspect seigneurial. C’était une façon de castel construit dans ce goût charmant de la Renaissance. Le parc qui l’entourait était immense. Mais la maison semblait à demi ruinée, rongée par le temps ; mais le parc était touffu comme la chevelure inculte de quelque Polyphème.

Capestang se sentait attiré comme par une force magnétique vers ce logis. Écartant d’une main les ronces qui le frappaient au visage et, pareils à des génies défendant l’entrée du château enchanté, le saisissaient aux jambes, tenant de l’autre main son tronçon d’épée, il monta le perron, et, palpitant, étonné, pénétra dans un vestibule éclairé faiblement par une lampe suspendue au plafond.

"Où suis-je ? murmura-t-il. Est-ce la fièvre qui me transporte dans une illusion de rêve ? Ce doit être le château de quelque princesse enchantée ? la dame blanche dont parlait mon hôtesse ?"

Au fond du vestibule, un escalier commençait. Capestang se mit à monter. En haut, il s’arrêta dans une grande belle salle, et, le cou tendu, écouta le silence. Alors, d’une voix forte, il cria :

"Holà ! N’y a-t-il donc personne ici ? Qui a crié ? Qui a appelé au secours ? Voici le secours !"

Nul ne répondit. Le silence demeura profond. Rapidement, le jeune homme parcourut diverses salles dont toutes les portes étaient ouvertes, et bientôt il fut convaincu qu’il se trouvait seul dans la mystérieuse maison.

"Il paraît que j'arrive après la bataille ! fit-il. Ou plutôt, est-ce que ces cris, ces plaintes de tout à l'heure ne seraient que des imaginations ?... J’ai rêvé, pardieu ! Je m’étais endormi, et j’ai fait ce songe qu’il se commettait ainsi un crime… Oh ! qu’est cela ?"

Capestang venait d'entrer dans une pièce vaste où il n'y avait aucun meuble. Seulement, aux quatre murs étaient accrochés de nombreux costumes complets, depuis les feutres –