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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/288

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En même temps, il leva les yeux, et ce qu’il vit le fit frémir d’une joie formidable. Capestang n’avait plus d’épée !


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Capestang, à la seconde où les assaillants montaient à l’assaut les dernières marches, en avait descendu deux ; son bras se détendit ; la rapière troua une poitrine ; cinq ou six fois, du même geste furieux et calme, si ces deux expressions peuvent traduire ce qu’il y avait à la fois de méthodique et de frénétique dans sa défense, il plongea ainsi son épée... et tout à coup, à ce moment même où se produisait la reculade éperdue, il s’aperçut qu’il n’avait plus rien dans la main qu’un misérable tronçon : Rinaldo, d’un coup terrible, venait de lui briser sa rapière.

Une seconde, Capestang se vit perdu. Il eut un soupir de rage et de désespoir. Dans cet instant, il entendit la clameur des assaillants :

"Il est désarmé ! En avant ! Sus ! Sus ! Tue ! Tue !"

Dans ce même instant, il les vit monter comme une bande de loups. C’était la fin ! Capestang se retourna vers le grenier avec ce mouvement du condamné qui, à la minute fatale, regarde autour de lui comme pour demander secours aux puissances surnaturelles. Et il tressaillit. Et un rire formidable éclata sur ses lèvres violentes… D’un geste prompt comme la foudre, il baissa et ramassa quelque chose qu’il venait de voir, là, à l’entrée du grenier contre la lucarne ! Les assaillants se ruaient. On entendit ce cri furieux :

"Rinaldo à la rescousse !"

Et à ce cri, répondit un rugissement de Capestang :

"Henri IV à la rescousse !"

Et alors, Concini dans la cour, les passants accourus, les cinq cents Parisiens qui s’étaient entassés aux abords de l’auberge pour assister à la capture du truand, tout ce monde put voir une chose prodigieuse, et fabuleuse comme un épisode ressuscité des antiques prouesses des demi-dieux : En haut de son escalier, Capestang, sans épée, sans poignard (il l’avait jeté), Capestang, à toute volée, assommait, frappait à coups retentissants comme des coups de gong, il frappait, il assommait les assaillants avec quelque chose d’énorme, une sorte de grande plaque en fer ! et c’était l’enseigne de l’auberge, déposée là par Lureau quand il l’avait décrochée ! et c’était l’image du Grand Henri, c’était Henri IV qui écrasait des crânes, défonçait des poitrines, se levait,