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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/341

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rentrait dans les murs ! Le plancher disparaissait. Et alors, Capestang comprit le sens de l’Horreur.

Alors, il sentit la Peur l’étreindre à la gorge. Car, c’était vraiment d’une prodigieuse horreur ; le plancher, une fois disparu, rentré dans les murs. Capestang se vit suspendu au-dessus d’un abîme sans fond, face à l’abîme, face au vertige. Cet abîme, c’était un puits et il pouvait regarder, essayer de percer les ténèbres, il n’en voyait pas le fond ! Y avait-il un fond ? Et qu’y avait-il dans ce fond ? Des ténèbres. Rien que ténèbres.


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Dans ce puits s’enfonçait le pilier de fer. Le pilier s’enfonçait et bientôt se perdait dans les ombres accumulées. Le pilier, donc, occupait exactement le centre de la circonférence formée par le puits. Les yeux hagards de Capestang, étant donné sa position horizontale, face à l’abîme, se portaient naturellement sur ce pilier auquel s’adaptait le bourrelet qui lui-même soutenait la base de la planche de fer. Et comme il regardait ce pilier, il fut secoué d’un tressaillement mortel.

Horreur sur horreur ! Ce pilier n’était pas un pilier. Qu’était-ce donc ? Ce pilier était une vis gigantesque ! Une vis en fer poli ou en acier dont les arêtes luisaient confusément comme si elles avaient été frottées d’huile ! Une vis qui s’enfonçait dans un abîme !

Capestang, de ses yeux exorbités, distinguait nettement le filet en hélice qui régnait autour de la pièce centrale et descendait en tire-bouchon. Et alors aussi il distingua mieux ce bourrelet de fer auquel, par de puissantes charnières se rattachait la planche. Et il vit, il comprit l’ineffable horreur de ce mécanisme : ce bourrelet, c’était l’écrou géant de cette vis géante ! Et il suffisait que l’écrou se mît en mouvement pour que la planche de fer à laquelle il était attaché commençât, sa descente en spirale ! Mais pourquoi oh ! pourquoi la formidable vis ! Il allait donc être broyé dans il ne savait quel monstrueux engrenage ?


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Brusquement, le titanesque mécanisme entra en activité. L’écrou se mit à tourner autour de la vis. La planche tourna. Et Capestang vit qu’il commençait à descendre.

Il descendait en tournant autour de l’énorme vis centrale, ses pieds au bourrelet, c’est-à-dire à l’écrou, sa tête à un pied de la muraille circulaire du puits, sa face tournée vers l’abîme.

Il descendait et tournait lentement, d’un mouvement doux, uniforme sans secousse, sans bruit, sans un grincement. Il descendait dans du silence. Il descendait dans de la nuit. Le mouvement à la fois descendant et giratoire lui causait un vertige des sens qu’il n’essayait même pas de combattre ;