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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/358

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pieds de Marion. Elle s’agenouilla, l’examina, posa sa main sur son cœur, puis se releva. Elle semblait très calme.

Seulement, un long soupir gonfla son sein, et, les yeux attachés sur le chevalier, d’une voix étrange, murmura :

"Il vit ! Il vivra !"

Elle se tourna vers Belphégor :

"Comment sortir d’ici ? L’hôtel est plein de gens."

Le Nubien se pencha sur elle, et d’un accent auquel il ne restait presque rien d’humain :

"Tu seras à moi ?

— Oui ! dit Marion. Quand ?

— Ce soir.

— Sur quoi le jures-tu ?"

Marion étendit la main sur le front livide du chevalier Capestang et prononça :

"Sur celui-ci, à qui j’ai donné mon cœur, Belphégor, je te jure de te donner mon corps !

— Bon ! fit le fauve en grognements indistincts. Venez et ne vous inquiétez pas du reste."

Il se baissa, empoigna le chevalier, le souleva, le jeta en travers de ses épaules et se mit en marche. Arrivé dans la petite cour, au lieu de prendre à gauche, vers la cour d’honneur, il se dirigea à droite, vers la porte de fer qui donnait sur le cul-de-sac Maladre. Il ouvrit. L’instant d’après, ils étaient dehors.


Nous avons laissé Cogolin, si nous avons bonne mémoire, au moment où, la bouche en cœur, tout confit en politesse, l’âme gonflée d’orgueil et l’estomac tout joyeux d’espoir, il s’avançait vers Lureau, qui venait de proclamer à la face de la multitude que l’inventeur du sublime onguent de la Catachrèsis, c’était lui – lui ! le savant et illustre Cogolin !

"Le jour serait-il enfin venu où, cessant de m’appeler Laguigne, je vais pouvoir me congratuler moi-même sous le nom harmonieux de Lachance ?"

Ainsi songeait Cogolin, et cependant, il fendait d’un coude victorieux les flots de la foule qui se précipitait pour acheter des pots d’onguent.

"Après un mois de misère, continuait-il, après la funeste obligation où je me suis trouvé de faire trois nouveaux crans à ma ceinture