Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/468

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

M. le chevalier a gagnés ? La peste les étouffe !

— Suivez-moi, messieurs ! fit Capestang interrompant la rêverie de son fidèle écuyer. Et toi, Cogolin, marche devant et éclaire nous."

Le chevalier saisit le paquet de clefs accroché dans la cuisine et descendit aux caves.

"Je comprends, fit Cogolin, c’est là que nous allons cacher notre trésor."

Capestang ouvrit la porte d’un caveau, qui apparut alors rempli de vêtements, d’équipements entassés, tandis que, debout aux murs, des arquebuses, des hallebardes luisaient dans l’ombre. Ces équipements, c’étaient des costumes complets de suisses de la garde royale ! Ce caveau, c’était celui où Capestang et Cogolin avaient descendu et entassé les costumes préparés par ordre du duc de Rohan ! Ces costumes, c’étaient ceux qui devaient servir à cinquante gentilshommes pour se transformer en gardes et escorter Condé au Louvre la nuit même où notre aventurier conduisit le prince jusque dans le cabinet du roi !

"Au moins, pensa Capestang, ils auront servi à quelque chose ! Messieurs, ajouta-t-il, vous avez oublié d’emporter vos costumes de tréteaux. En voici ! Habillons-nous, messieurs, car voici le public qui s’impatiente !"

En quelques minutes, Turlupin, Gautier-Garguille et Gros-Guillaume furent transformés en gardes suisses. Cogolin, ahuri, n’y comprenant rien, achevait de s’habiller. Et Capestang lui-même avait revêtu un costume d’officier qui lui seyait d’ailleurs à merveille. Chacun des quatre suisses improvisés jeta une arquebuse sur son épaule gauche et saisit une hallebarde dans la main droite. Puis, Capestang ayant soigneusement refermé la porte du caveau, tous les cinq remontèrent. Sur un signe de son maître, Cogolin ouvrit la porte de la pièce où le duc de Guise était prisonnier.

"Enfin, bredouilla Cogolin hagard, je vais donc contempler la fortune !"

Guise apparut. Il était livide. Ce que durent être les effroyables pensées de cet homme qui voyait s’écrouler soudainement son rêve de royauté, dont tout l’orgueil, toute la puissance tenaient maintenant entre ces quatre arquebuses, ce que dut être le drame de cette déchéance, Capestang le comprit au regard mortel que lui jeta le duc.

Guise ne parut pas s’étonner de voir le chevalier du roi en costume de lieutenant des gardes. Sans faire d’observation, avec une sorte de bonne volonté farouche, il se plaça de lui-même entre les quatre suisses, et on se mit en route !

"Pourvu qu’il n’y ait pas mort d’homme au dernier acte ! songeait Turlupin en frissonnant.

— Quelle diable de farce est-ce là ? songeait Gros-Guillaume tout effaré.