Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/509

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d’où, l’instant d’après, ils revinrent avec leurs chevaux. Concini se mit en selle, écumant, blême de rage.

"La moitié des hommes ici ! ordonna-t-il d’un ton rude. Que les autres me suivent !"

Il s’élança, suivi d’une quinzaine de cavaliers qui, quelques minutes plus tard, occupaient le parc. Quant à Rinaldo, il prit aussitôt ses dispositions. Des madriers furent apportés. Bientôt un coup sourd ébranla la porte, puis un autre. Au dixième coup, la porte se fendit. Au vingtième coup, tout un vantail s’abattit à grand fracas.

"En avant ! dit Rinaldo de sa voix joyeuse. Corpo di Cristo, pour le coup, nous allons prendre la pie au nid !"

Toute la bande se rua dans l’intérieur.


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À ce moment, de la cour de la Pie-Voleuse, sortit un carrosse tout attelé, son conducteur sur le siège. Cet homme, sorte de colosse, dévoué serviteur de l’hôtesse, avait sans s’inquiéter des bruits qu’il entendait, exécuté l’ordre reçu. On lui avait dit de mettre en état le carrosse de voyage de monseigneur et, une fois attelé, de le sortir sur la route et de s’y tenir prêt à tout événement. Simplement, il avait obéi.

Et maintenant, effaré de ce qu’il voyait, mais esclave de la consigne, il attendait là, comme on lui avait dit.


Pendant que ces divers événements se déroulaient, le roi veillait dans son Louvre, entouré de ses conseillers. L’esprit du jeune roi, dans cette journée qui avait failli lui coûter son trône, avait reçu deux coups de foudre. Deux événements s’étaient produits. Deux de ces formidables événements qui laissent de profondes et indestructibles sensations.

Le premier, c’était la lettre du gouverneur de la Bastille racontant la capture de Guise par Capestang. Le deuxième, c’était l’avis que Lorenzo avait pu murmurer à Louis au moment le plus périlleux de la journée.

Concini le trahissait...

Depuis longtemps, il en était sûr. Il le sentait. On le lui disait. Mais il doutait, au fond. Cette fois, la certitude était entrée violemment dans sa pensée. Concini trahissait. D’instinct, il sentait que l’heure était venue d’agir, s’il voulait sauver non seulement son trône, mais aussi sa vie. Et il se rappelait les paroles de Capestang qui claironnaient dans sa tête comme une fanfare de bataille :

"Défendez-vous, sire ! Regardez autour de vous, étudiez les visages,