Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/510

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scrutez les consciences et, quand vous aurez trouvé, frappez sans prévenir, comme frappe la foudre."

Oui ! Se défendre. Attaquer. Frapper... Et ce jeune homme, cet enfant, à la minute terrible où il fallait faire acte d’homme, songeait :

"Pourquoi ai-je laissé partir Capestang ? Pourquoi l’ai-je insulté ? Oh ! pourquoi n’est-il pas là, à mes côtés ? Appuyé sur une telle épée, que ne pourrais-je entreprendre !"

Louis commença par donner l’ordre de fermer toutes les portes du Louvre. Défense à qui que ce fût de sortir ! Mais déjà, à ce moment, Lorenzo et Belphégor étaient hors du Louvre. Léonora Galigaï avait entendu cet ordre, et, dès l’instant même, elle alla trouver Marie de Médicis pour trouver un moyen de sortir coûte que coûte, de courir à l’hôtel d’Ancre. Elle avait deviné, elle !...

Elle avait vu Lorenzo parler au roi. Elle voyait clairement que quelque formidable danger se formait en nuage prêt à crever sur la tête de Concino. Elle tremblait pour lui. Mais elle ne perdait rien de sa lucidité et de sa promptitude de décision. Quels arguments employa-t-elle ? Que dit-elle à Marie de Médicis ? Sans doute, il y eut là quelque scène longue et terrible, car ce fut seulement à deux heures du matin que la reine mère se décida à escorter sa première dame d’honneur jusqu’à un guichet qu’elle fit ouvrir, les gardes n’osant résister et persuadés d’ailleurs que l’ordre du roi ne pouvait concerner la reine.

Vingt minutes plus tard, le capitaine Vitry sortait du Louvre à la tête de cinquante gardes.


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Deux hommes avaient été frappés au cœur par la lettre de La Neuville apportant l’incroyable et pourtant véridique nouvelle de l’arrestation de Guise par Capestang ; c’étaient Richelieu et Concini. C’est donc avec une fébrile impatience qu’ils attendaient l’arrivée du gouverneur, que le roi avait envoyé chercher. Des explications que La Neuville allait apporter dépendait la fortune de Capestang, c’est-à-dire d’un homme que tous deux considéraient comme leur ennemi mortel. Cependant, malgré les courriers expédiés, La Neuville n’arrivait pas.

Vers une heure du matin, Louis s’enferma dans son cabinet avec Luynes et eut avec son favori une grande conférence. Sans doute, de suprêmes résolutions furent prises alors, car Luynes, s’élançant, parcourut le Louvre, interrogeant mystérieusement les valets et les gardes. Il revint enfin tout effaré dans le cabinet royal et sa première parole fut :

"Sire, vos soupçons ne doivent être que trop fondés : la marquise d’Ancre vient de quitter le Louvre !"

Le roi frappa ses mains l’une contre l’autre.

"Que faire ? murmura-t-il. Attendre à demain ?

— Allons donc, sire ! Voulez-vous donc laisser au gibier le temps