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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/518

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2° l’empoisonnement de Louis XIII ;

3° la complicité de tous les seigneurs nécessaires à l’entreprise.

Les parchemins établissant cette vaste complicité, dénonçant ce réseau, ce large filet d’appétits jeté sur le trône, ces papiers, donc, achevaient de se consumer dans le feu. Il n’y avait plus que l’horoscope : la royauté de Concini.

Et la théorie du poison : la mort de Louis XIII.

Deux formidables accusations.


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Et maintenant, pénétrons dans cet étroit réduit où nul, pas même Concini, n’est jamais entré.

Léonora, dont le front est lourd de pensées mortelles, se penche sur ces papiers. Cette femme adore son mari d’un amour frénétique, surhumain. Jalouse, jusqu’à la souffrance hyperaiguë, elle a fait taire sa jalousie. Sachant que Concini au pinacle la répudiera, elle a bouleversé ciel et terre pour le pousser au pinacle. Elle est d’ailleurs résolue à mourir, mais elle veut mourir avec cette suprême vision de la splendeur de l’homme adoré. Les incidents de la journée et de la soirée, Léonora les a réunis en faisceau : elle SAIT que le roi veut faire arrêter Concini ; elle SAIT qu’on va perquisitionner dans l’hôtel d’Ancre ; elle SAIT que la perquisition va avoir lieu cette nuit, dans quelques instants. Elle est donc venue uniquement pour sauver l’homme aimé, en détruisant ces papiers qui sont là, sous ses yeux. L’opération est presque terminée : le feu a détruit près de trois cents parchemins. Elle n’a qu’un dernier geste à faire, le bras à allonger vers la cheminée - et Concini est sauvé.

Or, Léonora Galigaï, dans cette effroyable minute, s’hypnotise dans la lecture d’un de ces papiers. Lequel ? La théorie du poison ? Non. L’horoscope ? Non.

Léonora Galigaï dévore, lit, relit en pleurant des lignes mille fois lues, des lignes qu’elle sait par cœur, Léonora Galigaï relit la recette POUR ÊTRE BELLE !

"Être belle ! bégaya dans sa pensée, Léonora Galigaï. Je suis laide, contrefaite, les épaules mal d’aplomb. Mes mains, mes pauvres mains sont trop maigres et sèches. Cette bouche, je n’ose la regarder au miroir. Je n’ose me regarder, sinon pour me maudire d’être laide... Oh ! pourquoi suis-je laide ! Et pourquoi étant laide, me suis-je mise à aimer !"

Elle laissa tomber son front dans ses deux mains, et un sanglot souleva son sein maigre. L’horoscope, elle l’avait oublié. Le papier des poisons, elle l’avait oublié. Les incidents de la journée, la marche de Lorenzo s’approchant du roi, ses déductions, la nécessité d’anéantir les parchemins accusateurs, tout, elle oubliait tout, et elle murmura :

"Pour être belle..."

À ce moment, un bras s’allongea par-dessus son épaule, une main saisit l’horoscope du poison !


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Léonora poussa un cri