Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/538

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"Laissez passer !"

Capestang et Giselle entrèrent dans la cour du Louvre et se dirigèrent aussitôt vers la porte qui conduisait aux appartements du roi. Dans le même moment, derrière eux, un bruit de chevaux au grand trot ! Toute une cavalcade entrait dans la cour. Capestang se retourna, tressaillit et gronda :

"Concini !"

Giselle se retourna, vit Concini et devint très pâle. Elle posa sa main sur le bras de Capestang et lui dit :

"C’est cet homme, dit-elle, qui a voulu me déshonorer. C’est cet homme qui a jeté une telle épouvante dans l’esprit de ma mère que, pendant deux ans, elle a été folle !..."

Capestang s’avança vers Concini ! Il comprit que ceci était la suite de la bataille de Meudon. De lui ou de Concini l’un des deux devaient succomber. Machinalement, il porta sa main à sa rapière et gronda une imprécation. Sa rapière ! Il l’avait jetée lorsqu’il avait soulevé Giselle dans ses bras. Mais Capestang, sans épée, continua de s’avancer !


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C’était Concini, en effet. Il venait de mettre pied à terre. Aussitôt une rumeur s’abattit sur le Louvre. Le Louvre tout entier comprit que le grand événement allait s’accomplir. Vitry s’avança vers le maréchal à la tête de ses gardes. Il était pâle et semblait hésiter. Là-haut, à la fenêtre, le roi, Richelieu, Luynes, tous regardaient, la respiration suspendue.

Tout à coup, on vit marcher sur Concini cet inconnu tout déchiré, tout noir, tout sanglant. Concini, dans le même instant, aperçut à la fois Capestang et Vitry qui venaient à peu près à la même hauteur.

"Capestang ! rugit Concini. L’infernal Capestang !

— Capestang ! grinça Richelieu.

— Capestang ! répéta le roi haletant.

— Capitaine ! hurla Concini, je vous somme d’arrêter cet homme ! Ou plutôt..."

En même temps, il tira son pistolet de sa ceinture. Un silence terrible pesa sur cette scène. On eût entendu le bruit des respirations. Capestang regarda autour de lui, vit un pistolet à la ceinture de Vitry et, d’un geste prompt comme la foudre, s’en empara.

"Capitan ! Misérable Capitan ! Tu vas mourir !" rugit Concini.

Les deux hommes étaient à dix pas l’un de l’autre. Concini immobile, pétrifié, le visage convulsé de haine, Capestang continuant à s’avancer avec un calme effrayant. Giselle regardait. Pas un instant, elle ne détourna les yeux. Concini visa soigneusement et fit feu. Presque en même temps, mais un peu après, Capestang, sans viser, tira. Les deux détonations se confondirent. Lorsqu’on regarda, on vit Capestang qui continuait à marcher, et Concini qui, étendu sur le dos, talonnait le pavé.