Aller au contenu

Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

"Tuez ! tuez ! râla Rinaldo, qui essaya encore de se soulever pour lui porter un coup.

― Tuez ! Tuez ! vociféra Pontraille.

― Achève ! achève !" hurlèrent Montreval, Bazorges, Louvignac, Chalabre.

Capestang, à bout de forces, laissait tomber sa rapière ! Les quatre spadassins encore valides se ruaient sur lui le poignard levé. Dans cette seconde, tout ce qu’il y avait en lui d’ardent désir de vivre, de jeunesse puissante et exubérante, d’énergie vitale, toutes ses forces d’âme et de corps se concentrèrent, se tendirent ; d’un geste de folie, il saisit une des mains levées sur lui, au hasard, lui arracha son poignard : et ses deux mains à lui, ses deux mains armées dès lors chacune d’une lame acérée, il les lança à droite et à gauche. Dans la bande forcenée, il y eut une trouée rouge. Capestang fonça, tête baissée. Il passa, frénétique, rugissant et terrible. Il atteignit la porte du couloir, tout sanglant, tout haletant, il se rua d’un bond...

"Sus ! sus ! Il nous échappe !" hurla Rinaldo.

Et, cette fois, il parvint à se remettre debout, plus livide de sa rage que de son sang perdu. Chalabre, Louvignac, Bazorges, Montreval se jetèrent dans le couloir. A ce moment, Concini apparut, laissa son regard errer sur cette scène d’épouvante. Il entrevit Capestang au fond du couloir, Capestang debout encore et effrayant à voir. Une sorte d’étonnement monta à son cerveau, avec des bouffées de haine et d’admiration, et il murmura :

"Ah ! pourquoi n'a-t-il pas voulu ? Appuyé sur un pareil homme, j'eusse bravé Paris ! Dommage, par le Christ, dommage de tuer ce lion ! Mais voilà, si je ne l’avais tué, un jour ou l’autre, d’un coup de griffe, il m’eût fracassé le crâne."

"En avant ! vociféra-t-il. Tuez ! tuez !"

Capestang avait atteint l'escalier que lui avait signalé l'huissier. L’escalier y était. Seulement, au lieu de descendre vers la cour, il montait vers les combles ! Capestang monta, il ne pouvait plus parler, il respirait à peine ; s’il vivait vraiment ou s’il s’agitait dans un rêve de mort, il ne le savait plus, il montait, escaladait les marches, soutenu par la violence des derniers instincts à leur paroxysme, toujours poursuivi, serré de près, se retournant encore parfois, puis reprenant sa course éperdue dans un long corridor au bout duquel il se trouva devant une porte ouverte.

"Achevez-le !" crièrent ensemble Concini et Rinaldo.

Louvignac et Bazorges qui étaient en tête poussèrent, d’un bond.

"Malédiction !" vociféra Louvignac.

Capestang avait franchi la porte ! Et il l'avait repoussée derrière lui ! Et comme dans cette minute suprême d’agonie ses mains frémissantes s’appuyèrent à la porte, elles avaient