Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/16

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Trois mille livres manquaient au trésor !…

Une sauvage imprécation et un hurlement d’épouvante retentirent dans le cabinet ; l’imprécation venait de Gilles, qui en même temps rugissait :

"Rends-les moi, misérable ! "

Le hurlement venait de Gillot que son oncle venait de saisir à la gorge.

"Mes économies de cinq ans ! hurla Gilles. Mais qui, qui donc me les a pris, mes pauvres écus ? Mes pauvres écus ? Mes pauvres écus, où êtes-vous ?…"

Seul, le vieux Pardaillan eût pu répondre à cette question.

Mais Gillot crut que le moment était venu de rentrer en grâce et insinua :

"Mon oncle, je vous aiderai à les retrouver !

— Toi ! hurla le vieillard qui avait oublié son neveu, toi, misérable ! Toi qui venais pour me voler ! Toi ! attends ! Tu vas voir ce qu’il en coûte de se faire larronneur et traître ! Habille-toi vite ! "

En même temps, il secouait son neveu avec une force qu’on n’eût pu lui soupçonner. Enfin,il le lâcha, et Gillot se revêtit rapidement.

Gilles, cependant, s’apaisa par degrés.

Lorsque Gillot fut prêt, il le harponna au cou de ses doigts longs, osseux, durs comme du fer, et ayant soigneusement refermé le cabinet, il l’entraîna.

"Miséricorde ! " gémit Gillot.

Arrivé au rez-de-chaussée, Gilles lâcha son neveu, et tirant une dague acérée, lui dit :

"Au premier mouvement que tu fais pour fuir, je t’égorge ! "

Cette menace rassura un peu Gillot. On ne voulait donc pas le tuer, puisqu’il n’était menacé de mort que s’il tentait de fuir.

"Marche devant ! " reprit l’oncle, sa dague à la main.

Guidé, ou plutôt poussé, par le vieillard, Gillot passa dans le jardin, et entra dans la remise du jardinier.

"Prends ce pieu ! " commanda l’oncle en désignant un assez long poteau pointu par un bout.

Gillot obéit et chargea le poteau sur son épaule

"Prends cette corde ! Prends cette bêche ! " ajouta l’oncle.