Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/17

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LE neveu se chargea des objets qu’on venait de lui désigner. Ainsi chargé des instruments de supplice que le redoutable vieillard trouva amusant de lui faire porter, Gillot reprit le chemin de l’office, puis il entra dans le couloir de la cave.

Dans l’office, Gilles avait pris en passant une torche et un couteau.

Il poussa son neveu dans la cave, et, lorsqu’il furent descendus, il l’entraîna au fond et lui dit :

"Creuse ici ! "

Gillot, véritable loque humaine, décomposé par la terreur, hébété, se mit à creuser avec la bêche.

Le trou, creusé, Gillot y planta le poteau et l’enfonça profondément à coups de maillet jusqu’à ce que Gilles ayant constaté qu’il tenait solidement, criât : Assez !

Alors le vieillard saisit son neveu, le colla au poteau et l’y attacha avec la corde, de façon qu’il ne pût remuer ni les bras, ni les jambes, ni la têt.

Gillot, fou de peur, se laissait faire, et l’instinct vital ne lui suggérait pas une révolte.

"Que voulez-vous donc faire de moi ? balbutia-t-il.

— Tu vas le savoir", dit l’oncle.

Le vieillard poussa devant Gillot une sorte de billot de bois, s’y assit et se mit à aiguiser sur la lame de sa dague le couteau de cuisine qu’il avait apporté.

A la vue de ces apprêts, Gillot commença à pousser des gémissements ininterrompus.

Ce fut à ce moment-là que le maréchal de Damville pénétra dans la cave.

"Tu m’impatientes avec tes clameurs de cochons qu’on égorge, cria Gilles. Si tu ne te tais, je serai forcé de te tuer."

Gilles observa instantanément un silence absolu.

"Il ne veut donc pas me tuer ! songea-t-il. Mais alors, que veut-il ?…"

"Voyons, reprit alors le vieux Gilles. Je vais te juger en mon âme et conscience. C’est te dire que je serai indulgent, autant que tes crimes peuvent mériter l’indulgence. Réponds-moi en tout franchise.

— Oui, mon oncle. Je vous le promets bien", fit GIllot commençant à se rassurer.

Cependant, il louchait fortement sur le couteau que le vieillard continuait à affûter paisiblement. Celui-ci reprit :