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montait en spirale jusqu’à la plateforme de la tour.

Là, c’était un cabinet, ou plutôt un étroit réduit, où Ruggieri rangeait ses instruments de travail, lunettes, compas, etc. Pour tout meuble, il n’y avait qu’une table chargée de livres et deux fauteuils.

Une étroite meurtrière, donnant sur la rue de la Hache, laissait pénétrer l’air dans ce réduit.

C’est par cette meurtrière que la vielle Laura, espionne d’une espionne, communiquait avec Ruggieri.

C’est par cette meurtrière qu’Alix de Lux jetait les rapports qu’elle voulait faire parvenir à la reine.

Or, ce jour-là, Catherine avait reçut de Laura un billet contenant ces quelques mots :

"Ce soir, vers dix heures, elle recevra une visite importante, dont je rendrait compte demain."

"Votre Majesté, désire-t-elle que j’allume un flambeau ? " demanda Ruggieri.

Au lieu de lui répondre, Catherine saisit vivement la main de l’astrologue et la pressa, comme pour lui recommander le silence.

En effet, elle venait de percevoir un bruit de pas qui, dans la rue, s’approchait de la tour. Et, Catherine de Médicis, qui eût été un policier de premier ordre, se disait d’instinct que ces pas étaient sans doute ceux de la personne qui devait faire à Alice de Lux une importante visite.

La reine s’avança vers la meurtrière. Et, comme les ténèbres étaient profondes comme elle ne voyait rie, elle se plaça de façon à entendre.

Les pas se rapprochaient.

"Des passants ! fit Ruggieri, en haussant les épaules. Croyez-moi Majesté."

Et il élevait la voix comme s’il eût voulu être entendu, eût-on dit, des gens qui venaient.

"Silence ! " murmura Catherine d’un ton de menace qui fit palir l’astrologue.

Les personnes qui marchaient dans la rue, quelles qu’elles fussent, ne pouvaient, en aucune façon, se douter qu’elles étaient ainsi épiées. Elles s’arrêtèrent près de la tour, non loin de la meurtrière, et la rein entendit une voix… une voix d’homme qu’on eût dit voilée d’une indéfinissable tristesse et qui la fit presque tressaillir.

La voix disait :

"J’attendrai ici Votre Majesté. De ce poste, je surveillerai à la fois la rue Traversine et la rue la Hache.