Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/27

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une force nouvelle le poussait, et avec une froide fureur, il s’enfonçait dans la solution de l’insoluble.

Quoi d’étonnant, dès lors, que ce cerveau fatigué ait été hanté de visions ?

"Madame, dit-il, vous voulez savoir pourquoi mon fils va mourir et pourquoi rien ne peut le sauver. Je vais vous le dire. Lorsque j’ai reconnu mon fils dans cette auberge où vous m’aviez envoyé, je n’ai d’abord songé qu’à vous. Qu’était mon fils pour moi ? Un inconnu. Tandis que vous étiez, vous, l’adoration de ma vie… Puis peu à peu, la pitié est entrée en moi. Et, avec la pitié, d’autre sentiments assez forts pour me faire souffrir, pas assez pour me pousser à me dresser devant vous pour vous dire : Celui-là, vous ne le frapperez pas… Et lorsque j’ai compris que vous l’aviez condamné, je me suis contenté de pleurer en moi-même. Car vous avez pris sur moi un étrange pouvoir, Catherine. Je ne vous étonnerai pas en disant que j’ai lutté pour vous chasser de moi-même. Ces temps derniers surtout, ayant consulté les astres, et ne recevant que des réponses douteuses, je m’étais repris à espérer. C’est vous dire que j’avais pris la résolution de me placer entre vous et lui, et d’empêcher le meurtre de mon enfant. Tout à l’heure encore, madame, si vous aviez essayé de le frapper, vous n’y eussiez point réussi : car je croyais alors qu’il devait vivre… Maintenant, je sais qu’il doit mourir."

Catherine hocha la tête, très calme en apparence.

"Superstition ! murmura-t-elle.

— Visions diverses, madame. Vous voyez ceci, et je vois cela. Si vous avez une vision, vous l’appelez fantôme. SI j’ai une vision, je l’appelle corps astral.

— Je te crois, René ! je te crois", fit sourdement Catherine.

Car cette femme si forte, et qui dominait si entièrement l’astrologue, était à son tour dominée par lui dès que Ruggieri abordait les problèmes d’occultisme.

Un changement étrange s’était fait dans la physionomie de l’astrologue. Ses yeux, légèrement convulsés, avaient ce regard en dedans qui transforme si complètement la figure humaine.

"Oui, reprit-il lentement, lorsque le Ciel se refuse à me répondre, lorsque les problèmes que je pose d’après les